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Chroniques et articles Causeur

Cette année-là…

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Les territoires perdus de la République.

Un travail mené par un collectif d’enseignants confrontés à la montée de la haine, de la bêtise, de l’obscurantisme, de l’antisémitisme… Des lanceurs d’alerte.

Raciste, islamophobe, stigmatisant, amalgamant, colonialiste… Toutes sortes de qualificatifs furent crachés sur ce travail.

Sauf un : constat.

Cette année-là, Mohamed Merah avait 14 ans et était scolarisé au collège du Fer-à-Cheval, à Toulouse.

2003

Alain Finkielkraut publie Au nom de l’Autre, réflexion sur l’antisémitisme qui vient, un essai sur la résurgence d’un antisémitisme inattendu. Hier Céline et Drumont, aujourd’hui les antifascistes, les anti-impérialistes… bref de cette gauche et de cette extrême gauche qui ont été maintes et maintes fois l’honneur de la politique.

« Il faut du courage pour porter une kippa dans ces lieux féroces qu’on appelle cités sensibles et dans le métro parisien : le sionisme est criminalisé par toujours plus d’intellectuels, l’enseignement de la Shoah se révèle impossible à l’instant même où il devient obligatoire, la découverte de l’Antiquité livre les Hébreux au chahut des enfants, l’injure « sale juif » a fait sa réapparition (en verlan) dans presque toutes les cours d’école… »

Raciste, islamophobe, stigmatisant, amalgamant, colonialiste… Toutes sortes de qualificatifs furent crachés sur ce travail.

Sauf un : constat.

Cette année-là, Mehdi Nemmouche avait 15 ans et comptait déjà à son palmarès plusieurs cambriolages, un vol et un recel. Et l’agression d’une enseignante, « avec usage ou menace d’une arme », à Tourcoing.

2004

Rapport Obin. Une enquête menée dans plusieurs dizaines d’établissements au sein d’une vingtaine de départements par l’Inspection générale de l’Education nationale montre dans les écoles, les collèges et les lycées visités de nombreuses atteintes aux principes de laïcité et le développement de l’antisémitisme dans l’enceinte de l’école, soit au nom du conflit israélo-palestinien, soit au nom d’une sourate du Coran.

Raciste, Islamophobe, stigmatisant, amalgamant, colonialiste… toutes sortes de qualificatifs furent crachés sur ce travail.

Sauf un : constat

Cette année-là, Hasna Aït Boulahcen avait 15 ans et quittait sa dernière famille d’accueil…

 

Les émeutes de banlieue.

Lâcheté et/ou dogmatisme, la classe politique refusa une fois de plus le constat.

Surtout ne pas tirer de conclusions générales, ce qui aurait été de l’amalgame, et ne pas oublier que c’était la faute à l’injustice sociale, à l’inégalité et peut-être même à ma grand-mère mais surtout pas celle des coupables.

Georgina Dufoix s’était autoproclamée « Responsable mais pas coupable » dans l’affaire du sang contaminé. Les casseurs étaient le négatif exact de Georgina : « Coupables mais pas responsables »

Et cette grille de lecture paternaliste, post-colonialiste, de ceux-là même qui se défendent le plus de tout complexe de supériorité perdure jusqu’aujourd’hui ne serait-ce que par le tweet compatissant de l’ami de Tariq Ramadan, Edwy Plenel: « L’enfance misérable des frères Kouachi. À lire impérativement pour se ressaisir », assorti d’un lien vers un récit de leur enfance effectivement misérable. Le tout publié huit jours après les attentats !

Il faut vraiment être un fils de nanti comme lui pour oser penser que la pauvreté expliquerait la monstruosité.

Cette année-là, Chérif Kouachi avait déjà été endoctriné par Farid Benyettou, leader du groupe dit « des Buttes Chaumont » En janvier, il avait même été appréhendé par les services de lutte antiterroriste alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour Damas.

 

2006

Ilan Halimi On commença par finasser sur les motifs antisémites, comme si torturer un otage aidait à obtenir une rançon lorsque ceux qui doivent payer ne savent rien de ces sévices. Le baron Empain perdit son doigt pour que ses proches qui le reçurent sachent bien à quel point les ravisseurs étaient déterminés.. Ilan Halimi perdit la vie parce que ses ravisseurs étaient bien plus occupés à torturer un juif qu’à tenter d’obtenir une rançon que leur bêtise les rendait incapables de récupérer. Elaborer une stratégie était au dessus de leurs moyens intellectuels.

On adouba le mot barbare qui exemptait de toute analyse. On nous refit le coup du pas d’amalgame, comme si l’attitude digne, responsable et citoyenne des Français en général et des juifs en particulier justifiait ce rappel.

Cette année la, Bilal Hadfi, qui s’est fait sauter au stade de France en novembre 2015, avait 11 ans…

 

2012

Mohammed Merah. Personne ne défila.

Cette année-là, Ayoub El Khazzani avait 23 ans

 

2014

Mehdi Nemmouche : Personne ne défila.

Cette année-là, Sid Ahmed Ghlam avait 23 ans…

 

2015

Cherif et Said Kouachi, Amedy Koulibali, Sid Ahmed Ghlam, Yassin Salhi ( qui a décapité son patron en Isere), Ayoub El Khazzani ( Le Thalys), vendredi 13 novembre, une série de 7 attaques perpétrée par sept terroristes débute, provoquant la mort de 129 personnes et faisant 300 blessés, dont 99 graves. Brahim Abdeslam, Omar Ismaïl Mostefaï, Samy Amimour, Bilal Hadfi, Salam Abdeslam, Hasna Aït Boulahcen, Abdelhamid Abaaoud…

Le peuple défila. Les politiques s’en réjouirent. L’état d’urgence fut déclaré. Les éternels résistants de salon s’en indignèrent.

Cette année-là, ——- avait ——- ans. On allait entendre parler de lui moins d’un an après. De lui et de beaucoup d’autres…

publié dans le Magazine Causeur n° 91 – Février 2016

 

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