Brigitte Lahaie PLEURE, Brigitte Sy N’EST PAS GAIE !
Brigitte Lahaie PLEURE, Brigitte Sy N’EST PAS GAIE !
Voir Brigitte Lahaie effondrée après les attaques qu’elle a subi me désole.
Cette femme, dont vous et moi ignorons le passé mais qui pour ce qu’on en connait sait plus que toutes les « bigotes de la cause » ce qu’est le sexe pour le moins non désiré si ce n’est contraint, qui lâche dans un sanglot « je suis surtout une femme qui a souffert dans sa chair et qui depuis 30 ans aide les femmes à se libérer ».
Et parce que cette femme a l’élégance de ne pas s ‘appesantir sur son passé, dont on devine bien qu’il comporte des zones troubles, aux quelques détails lâchés sur le divan de Fogiel, parce qu’elle a la dignité que lui confère sa résilience obtenue à force de travail et d’obstination, elle n’aurait droit qu’au lynchage en ligne, l’empathie étant réservée à celles dont le malheur non surmonté permet de se sentir utiles, grandes et généreuses?
Brigitte Lahaie parle de ce qu’elle connait mieux que beaucoup d’autres et le fait de jouir parfois pendant un viol (PARFOIS, ça veut dire pas souvent, ça veut dire rarement mais celles à qui ça arrive se sentent tellement coupables qu’elles s’en considèrent deux fois plus sales) est une vérité et un obstacle supplémentaire à la reconstruction tellement connus que même un site comme « NON aux violences sexuelles »
http://www.violencessexuelles.be/mythes-au-sujet-des-agress…
traite ce problème dans une rubrique ou il démonte les mythes liés aux violences sexuelles, en en disant:
LE MYTHE: SI LA VICTIME EST EXCITÉE SEXUELLEMENT OU A EU UN ORGASME DURANT LE VIOL, CELA SIGNIFIE QU’ELLE A RESSENTI DU PLAISIR.
LA RÉALITÉ: Certaines victimes ont une érection ou un orgasme durant une agression sexuelle, ce qui peut être troublant, et donner l’impression que c’était agréable . La plupart des personnes ne savent pas qu’une érection/un orgasme peut survenir durant un stress extrême. Il n’est donc pas question d’excitation sexuelle. Les filles et les femmes ont le vagin mouillé durant les activités sexuelles, cela peut également être le cas durant un viol. Il s’agit d’une réaction naturelle pour protéger le vagin contre les blessures ; elle peut donc aussi se produire lorsque l’activité sexuelle n’est pas désirée. Que la victime ait le vagin mouillé ne signifie nullement qu’elle soit consentante ou qu’elle en ait envie.
J’étais jusqu’à présent assez perplexe sur le #BalancetonPorc, partagé entre l’évidence qu’il libérait une parole indispensable et celle de sa non moins évidente toxicité entre les mains sans éthique de « la foule », celle qui allait assister aux exécutions tant qu’elles étaient publiques, celle qui attend les criminels à la sortie des tribunaux pour leur cracher dessus, celle qui saluait nazi avant d’apprendre précipitamment à faire le V de la Victoire pour le défilé de la libération.
L’appel aux réactions de masse, la caisse de résonance démultiplicatrice a eu raison de ma perplexité.
Le suivisme moutonnier des résistants de salon est parfaitement incarné par un « micro évènement » tellementrévélateur!
Ce sont toujours les plus à cheval sur les libertés qui ne sont jamais choqués lorsque la liberté est contrainte par ceux de leur camp.
Brigitte Sy a commis un crime! Elle a signé « la » tribune appelant à calmer les ardeurs de la meute 2.0. Signée par 100 femmes dont certaines ont fait bien plus pour le féminisme que beaucoup des indignées de salon de la meute virtuelle! Il y a des points avec lesquels je ne suis pas d’accord dans cette tribune, je ne l’aurais pas signée, mais la résumer aux approximations faites depuis sa parution est un procédé inique tout à fait emblématique de cette manière détestable de tenter de disqualifier quiconque ne pense pas « comme il faut ».
De plus, l’éternel argument de « c’était pas le moment » me rappelle fâcheusement le prétexte de « non-stigmatisation » qui a refusé pendant de longues années de reconnaitre l’existence des problèmes, que ceux qui acceptaient de nommer les choses qu’il voyaient, clamaient dans le désert. Et l’on peut constater aujourd’hui qu’ils avaient tellement raison que les indignés de l’époque prennent à leur compte maintenant ce qu’ils dénonçaient comme du « fascisme » il y a 10 ans.
Brigitte Sy donc, ayant commis ce crime, vient d’apprendre que son film, l’Astragale, était déprogrammé du cycle « Le Genre fait son cinéma » au cinéma 104 de Pantin.
Ce cycle de films a vu le jour au sein du collectif féministe de Pantin créé en 2013, composé de neuf femmes qui « se sont mobilisées avant les dernières élections municipales pour faire avancer les questions relatives à l’égalité des droits des femmes sur la ville. »
Brigitte Sy a donc reçu ce mail:
» Les projections- débat du cycle « le genre fait son cinéma » ont pour objectif d’engager avec les habitant-e-s de Pantin une réflexion sur le féminisme et sur les inégalités entre les femmes et les hommes. Nous pensons que le moment n’est pas opportun pour débattre sereinement dans ce cadre avec une signataire de la tribune des cent femmes. En effet, les positions tenues dans cette tribune vont à l’encontre de valeurs féministes que nous portons. Elles banalisent les violences faites aux femmes et dépolitisent les questions que les féministes ont mis 30 ans à construire. Elles jettent le discrédit sur les féministes, qui se sont battues et continuent de se battre pour l’émancipation et la liberté des femmes. Enfin, elles expriment un réel mépris de classe. Nous sommes disposées à en discuter avec elle si elle souhaite s’en expliquer. »
On cauchemarde!
Qui sont ces intellos de quartier pour généreusement laisser à cette femme la possibilité de « s’en expliquer » si elle le désire. Sont-elles les arbitres du penser juste pour s’octroyer le droit de la faire comparaitre devant elles? Le tribunal du peuple quoi!
Ce « comité » décide de retirer un film parce que sa réalisatrice a osé signer une tribune qui déplait aux ayatollahs du « ce qu’il faut dire ».
On ne parle pas de propos honteux, on parle d’une ligne plus nuancée du féminisme. On parle de s’éloigner du manichéisme.
Son film était programmé depuis des mois ( la projection était initialement prévue en décembre puis a été reportée en janvier pour des questions d’organisation ), c’est donc bien uniquement en réaction à sa signature qu’elle a été censurée. Et le débat concernait à priori l’adaptation littéraire au cinéma …
Les ukases et excommunications d’une poignée de dogmatiques persuadées d’être la seule incarnation de la vertu, l’élimination du contradicteur, la diabolisation de l’avis différent sont finalement une manière d’apporter sa contribution à cette tribune, d’en montrer toute sa pertinence: ne rien nier de l’indispensable combat face aux violences faites aux femmes mais se défier du néo-maccarthysme de l’ordre moral