L’amour à 50 ans : l’âge idéal pour « jouir sans entraves »
C’est l’âge de la maturité, celui où on assume ses choix et où domine l’envie de profiter de la vie en se moquant des préjugés. Et si c’était l’âge idéal pour « jouir sans entraves » ? Démonstration.
DES QUINQUAS BEAUCOUP PLUS JEUNES
Longtemps, la quinqua s’est couchée de bonne heure. Persuadée que son avenir amoureux et sexuel s’obscurcissait à l’annonce de la ménopause, elle renonçait en général à toute séduction, jugeait ridicule tout effort pour la maintenir et voyait sa libido s’assoupir au contact d’un mari fatigué. Mais, aujourd’hui, tout a changé. « Les femmes sont mieux nourries et mieux soignées qu’avant, les traitements substitutifs permettent de minorer les effets de la ménopause, bref, elles sont beaucoup plus jeunes que leurs mères au même âge », explique Maryse Vaillant, psychologue, coauteure de « La Répétition amoureuse – Sortir de l’échec » (Albin Michel) et auteure de « Comment aiment les femmes – Du désir et des hommes » (Points Seuil).
« UNE SECONDE ADOLESCENCE ? »
Les quinquas ne se mettent plus en quarantaine. Plus vénère que mémère, la quinqua a appris à soigner une silhouette entretenue par les séances de gym et/ou corrigée par la chirurgie esthétique et à s’offrir un vestiaire trendy. Et, même si elle ne correspond pas aux canons véhiculés ar les photos de stars retouchées sur Photoshop,elle peut enfin vivre pleinement, si elle le désire, cet épanouissement physique, affectif et psychologique promis, en principe, par la maturité. Qu’elle s’attende cependant à certains incidents de parcours. Car, si la cinquantaine est un âge des possibles, cette « seconde adolescence », comme la décrit la psychiatre Françoise Millet-Bartoli dans « La Crise du milieu de la vie » (Odile Jacob), n’a rien d’un long fleuve tranquille.
Elle ressemble, a contrario, à une intense période de doutes et de questionnements. « Un moment où les femmes font le bilan et se remettent en question », assure Yves Ferroul, médecin sexologue à Lille, auteur avec Elisa Brune du « Secret des femmes – Voyage au coeur du plaisir et de la jouissance » (Odile Jacob). C’est l’heure des règlements de comptes dans les couples, des divorces et des ruptures avec un partenaire trop passif ou pas assez gratifiant. « Certaines femmes se sentent seules ou trouvent les hommes de leur âge éteints ou plaintifs », assure Maryse Vaillant. « Il m’est arrivé de voir dans mon cabinet des hommes perturbés car leur compagne, qui jusque-là n’avait jamais été très portée sur la sexualité, se découvrait à 55 ans une liberté sexuelle qu’elle ne s’était jamais autorisée et leur reprochait soudain de ne pas assez faire l’amour », raconte Yves Ferroul.
EXPÉRIENCES DÉBRIDÉES ET PLÉNITUDE PERSONNELLE
La cinquantaine offre une vraie possibilité d’expériences débridées et de plénitude personnelle. Car, à cet âge où les enfants ont grandi, où on est en principe parvenue à un certain degré de stabilité dans son travail, on peut enfin se préoccuper de soi et de sa propre maturation, notamment sexuelle. « A la cinquantaine, les femmes se sentent libérées de la contraception, explique Yves Ferroul. Elles se demandent alors si elles peuvent, sans culpabilité, vivre une sexualité de plaisir et mieux s’épanouir avec leur partenaire. Certaines d’entre elles, si elles ne l’ont pas fait avant, découvrent l’orgasme, tout simplement parce qu’elles arrivent à s’abandonner plus facilement, car elles se sentent plus libres dans leur tête. »
Côté couple, si celui-ci a résisté à la tempête, on retrouve – les enfants devenus grands et occupés ailleurs – le plaisir de sortir ensemble, d’aller au cinéma ou de partir en week-end en amoureux. Et on fait assez souvent l’amour (en moyenne deux fois par semaine, les statistiques le prouvent). « Beaucoup de femmes et d’hommes sont plus rassurés par un corps qui a vécu et qui a une charge émotionnelle que par le corps tout lisse d’une personne de 20 ans, assure le sexologue. Avec l’âge, la qualité du ressenti, des baisers, du toucher est la même, voire meilleure. Certaines personnes de 50, 60 ou 70 ans m’ont confié qu’elles n’avaient jamais ressenti de plaisir aussi intense auparavant en faisant l’amour. Preuve qu’il y a un côté mécanique dans la sexualité mais aussi une grande importance accordée à l’imaginaire et à l’émotionnel.
PLUS LIBRES POUR JOUER AVEC LEURS CORPS
Et puis, en prenant de l’âge, les femmes sont souvent moins obnubilées par leurs imperfections physiques qu’à 20 ou 30 ans, elles sont plus libres pour jouer avec leur corps et partager leurs émotions. » Côté hommes, les médicaments comme le Viagra ont également changé la donne. En aidant ceux qui en ont besoin à être rassurés, plus confiants en leurs capacités. Et leur partenaire, du même coup, à se montrer moins inquiète. « Oui, même si les réactions à ce type de médicaments sont nuancées, réplique Yves Ferroul. Cela permet en effet à certains couples de garder une sexualité vivante. Voire, en ce qui concerne la femme, de découvrir le plaisir si son partenaire avait auparavant une tendance à l’éjaculation précoce, car leur efficacité donne à l’homme la possibilité de garder une érection au-delà de l’éjaculation pendant quelques minutes. Mais certaines femmes reprochent aussi au Viagra d’avoir poussé leur partenaire à séduire des femmes plus jeunes ou à multiplier les conquêtes. »
QUAND LA QUINQUA SE TRANSFOME EN COUGAR
Un phénomène bien connu que le commun des mortels répertoriait naguère sous le terme « démon de midi » et qui, en 2010, n’est plus réservé aux hommes de 50 ou 60 ans. Car l’« ado » quinqua femelle, guidée par ses sens et une soif de liberté nouvelle, peut, elle aussi, facilement prendre un coup de sang et s’offrir un ou plusieurs amants. « Elle cherche parfois à quitter le cocon douillet pour se risquer dans l’aventure du désir et de la rencontre, explique Maryse Vaillant. Car c’est un âge où on est au milieu de la vie et où on commence à penser à la mort et à sa propre fin. On se bat pour profiter de l’existence au maximum. »
Il se peut alors que la quinqua se transforme en cougar et tombe amoureuse d’un homme plus jeune qu’elle. Une pratique qui n’est plus circonscrite à une élite, selon Yves Ferroul, et qui tend peu à peu à se répandre. « Voir des couples composés d’une femme de 50 ans et d’un homme de 35 ans n’est plus exceptionnel. Un type d’union qui ne semble pas absurde d’ailleurs car, à 60 ans, une femme sera en général plus en harmonie sexuelle avec un homme de 45 ans qui a gardé toute sa vigueur qu’avec un homme de son âge un peu las. »
UNE PARENTHÈSE ENCHANTÉE
Mais, pour peu qu’elle ait la maturité psychologique de sa carte d’identité, la quinqua ne vivra pas ses histoires d’amour ou de corps à corps à 50 ans comme à 20 ou 30 ans. « Le désir d’enfant ne fait plus d’ombre à la relation. Et si les femmes ont réglé leurs problèmes infantiles et leur attente du grand amour, elles peuvent vivre tout ce qu’elles désirent, analyse Maryse Vaillant. Car l’amour qu’on espère avec trop d’ardeur nous empêche de voir les amours présentes possibles. Il est chargé d’idéalisation, de rêves, d’attentes de réparation. Quand on ne souhaite plus l’amour avec un grand A, on peut rencontrer et vivre de vraies amours réelles et non fantasmées. » Adopter alors ce qui pourrait être la devise de la cinquantaine, et qui est le beau titre du nouveau livre du romancier Patrick Lapeyre, 61 ans : « La vie est brève et le désir sans fin » (P.O.L). Et voir dans cette période une parenthèse enchantée, située entre une quarantaine suractive et une soixantaine socialement plus calme dont il faudra à nouveau, plus tard, négocier le virage.